Vous adorez voyager pour les aspects enrichissants, dépaysants et éducatifs qu’offre la découverte du monde. Minimaliste et plutôt randonneur dans l’âme que client de l’hôtellerie de luxe, vous veillez à respecter les lieux que vous traversez tout en apportant votre soutien aux populations locales. Adepte de l’écotourisme, vous pensez agir au mieux, mais une petite voix dans votre tête vous murmure que la meilleure façon de protéger la nature consiste peut-être à la laisser en paix… Cruel dilemme pour les globe-trotters avertis. Un voyage responsable l’est bel et bien, mais de quoi ? Il demeure une cause de perturbations pour les écosystèmes, et parfois pour les populations. Votre empreinte carbone s’allège par rapport à celle d’un autre vacancier, mais un périple au bout du monde ne demeure-t-il pas une aberration écologique ? En route pour une aventure aux confins de la nature qui ne vous laissera pas indifférent.
Genèse de l’écotourisme
État des lieux d’un monde qui bouge
L’industrie du tourisme croît depuis plus de soixante ans. Congés payés et RTT, démocratisation des déplacements en avion, baisse du prix des transports, accès facilité à l’offre d’hébergements à travers les réservations par internet, mentalité plus aventurière des nouvelles générations… expliquent cette explosion du nombre de vacanciers aux quatre coins du globe. En 2019, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a compté 1,5 milliard d’arrivées internationales !
Parallèlement, plusieurs prises de conscience ont mené à l’émergence d’un tourisme plus durable :
- urgence de protéger des écosystèmes fragiles ;
- impératif de réduire l’impact global de l’humanité sur la planète ;
- compensation des dégradations subies par certains milieux à la suite de l’afflux de visiteurs irrespectueux ;
- implication des populations locales, notamment lorsque les touristes représentent la principale source de revenus d’un territoire ;
- naissance d’une philanthropie des voyageurs aisés à l’égard de communautés jugées, à tort ou à raison, nécessiteuses ;
- création d’hôtels écoresponsables.
Les blogs famille en voyage ou d’expatriés vous fourniront de précieux conseils pour voyager au plus proche de la nature et des populations. Rendez-vous également en librairie pour trouver des destinations proches de chez vous à découvrir.
Les multiples dénominations d’un tourisme plus durable
L’application du concept de Développement durable au tourisme a vu la genèse de nombreuses appellations pour désigner cette forme de voyages plus respectueux de l’environnement. L’OMT définit plusieurs types de séjours écoresponsables :
- écotourisme ;
- tourisme responsable ;
- slow tourisme ;
- tourisme équitable ;
- tourisme participatif ;
- tourisme solidaire ;
- agrotourisme ;
- etc.
La liste est longue, les interprétations et les subtilités multiples d’une catégorie à l’autre.
Définition d’un tourisme vert
Des objectifs environnementaux et sociaux
La prise de conscience générale de l’impact de l’homme sur la planète a permis à l’écotourisme de se démocratiser depuis le début des années 1990.
L’OMT considère que les voyageurs effectuent ce type de séjour avec pour objectifs de préserver :
- les écosystèmes et la biodiversité ;
- les spécificités culturelles des zones découvertes.
Les piliers du Développement durable transparaissent dans cette définition à travers la protection de l’environnement, le respect des populations et la création d’emplois nécessaires pour accueillir l’afflux de visiteurs.
Ce tourisme vert qui prend forme au cœur des milieux naturels ambitionne de réduire l’empreinte écologique des voyageurs et d’assurer la pérennité desdits milieux.
Ne serait-ce pas un non-sens que d’investir des lieux souvent vierges de toute présence anthropique, afin d’y installer des structures qui viseront à les préserver ? Le débat est ouvert.
Une finalité qui transforme à jamais la vision du monde
Le voyage écotouristique part à la découverte des espaces et des espèces. Il requiert l’implication tant des populations que des visiteurs. Les structures d’hébergements sont modestes, en accord avec la culture locale, et de préférence directement chez l’habitant. Voyager avec bébé devient plus compliqué, mais pourquoi pas !
L’immersion se veut totale avec des rencontres hautes en couleur et en émotions. Le rendez-vous entre traditions différentes apporte généralement davantage à ceux qui pensaient venir en sauveur que l’inverse.
Le charme d’une nature originelle séduit, moins qu’elle ne bouleverse, d’autant qu’elle se découvre en petits groupes dans le but de réduire autant que possible les perturbations qui pourraient affecter les résidents des lieux. Le voyageur redécouvre les bienfaits d’une vie simple et la sérénité qu’apporte la nature.
L’écotourisme se vit comme une aventure humaine et personne n’en revient totalement indemne tant la beauté du monde saisit, au même titre que la générosité des autochtones émeut.
Objectifs d’un voyage vert et attentes des vacanciers
Les principes fondateurs selon la SIE
La Société International d’Écotourisme s’implique sur plusieurs principes fondateurs :
- réduire les impacts du tourisme sur l’environnement (physiques, comportementaux, sociaux…) ;
- sensibiliser aux enjeux culturels et écologiques des pays de destination ;
- enrichir le voyageur et les populations d’une expérience positive ;
- recevoir les fonds nécessaires à la préservation des sites visités ;
- offrir des équipements durables et en harmonie avec les écosystèmes d’accueil ;
- favoriser et œuvrer à l’autonomie des communautés locales par la reconnaissance de leur culture et de leurs croyances.
La perception d’un voyage responsable par les globe-trotters
L’association Agir pour un Tourisme Responsable a recueilli l’avis de 7 000 voyageurs en 2016, à l’occasion de l’année internationale du tourisme. Il ressort de cette enquête des éléments très positifs.
La perception d’un voyage vert a changé :
- les vacanciers pensent que le tourisme durable peut se transposer à toutes les destinations, et non pas seulement à celles dont les populations locales dépendent financièrement de ce secteur ;
- le public comprend dans une large majorité que des vacances peuvent être respectueuses de la nature, quel que soit le séjour organisé, par la mise en place de bonnes pratiques et d’une éducation à l’environnement de toutes les classes d’âge : économies d’eau, application des règles régissant certains sites, gestion des déchets, achats de produits locaux… ;
- l’aspect sociétal de la démarche de Développement durable prime maintenant sur le pilier environnemental, alors que le tourisme responsable avait une connotation beaucoup plus verte au début du siècle ;
- de plus en plus de bourlingueurs optent pour un séjour écologique et en font l’un des critères de sélection .
Les conclusions de cette enquête montrent que le label ATR et la charte éthique du voyageur devront être diffusés à une plus grande échelle pour une meilleure connaissance par le public, mais les perspectives demeurent excellentes.
Les citoyens français s’avouent sensibles à la préservation de l’environnement lorsqu’ils envisagent un déplacement, à l’étranger aussi bien que sur le territoire.
Avantages et inconvénients d’une aventure aux confins de la nature
Face à l’augmentation du nombre de voyageurs, le tourisme durable apporte une réponse ambitieuse pour gérer les flux massifs de vacanciers, parfois peu respectueux des règles de civilité.
La sensibilisation de ces globe-trotters par une communication ciblée s’avère indispensable. Elle passe par une connaissance précise des fragilités des espaces visités, des espèces menacées et des besoins des populations locales.
Bénéfices pour l’environnement et les populations locales
Une aventure aux confins de la nature présente deux avantages majeurs :
- préserver l’environnement. Ainsi des zones naturelles ou culturelles menacées seront conservées autant que possible par la mise en place de bonnes pratiques. Pour illustrer cet avantage, le cas du Costa Rica parle de lui-même. Pour contrer l’arrivée d’un afflux massif de visiteurs, le pays s’est engagé dans une démarche de Développement durable : suppression des zoos sur le territoire, production de près de 100 % de l’électricité à partir d’énergies renouvelables, préservation d’une biodiversité exceptionnelle. Les résultats tardent cependant à venir, mais le processus est enclenché ;
- valoriser l’économie locale. Le tourisme représente souvent la principale source de revenus pour les habitants. Ce secteur constitue par exemple un pilier de l’économie brésilienne. La multiplicité des paysages et quelques richesses naturelles uniques comme les chutes d’Iguaçu, la forêt amazonienne ou la baie de Rio en font une destination idéale pour l’écotourisme. Les excursions organisées dans ces sites séduisent de plus en plus de voyageurs, malgré des conditions d’accueil parfois très précaires.
Contraintes pour les mêmes intéressés !
Un périple en terre inconnue et vulnérable affiche trois inconvénients majeurs qui sautent aux yeux des plus engagés des baroudeurs :
- l’afflux excessif de visiteurs pour des raisons écologiques bouleverse davantage les milieux qu’il ne les préserve, notamment au sein d’espaces totalement vierges tels que les forêts primaires . Le Costa Rica est confronté à ce problème ;
- l’organisation d’expéditions dans des milieux naturels méconnus des voyagistes il y a encore quelques années représente un non-sens par rapport aux objectifs initiaux d’un séjour écoresponsable. La création de logements intégrés aux écosystèmes, comme les cabanes dans les arbres, illustre cet inconvénient, car elle dégrade les espaces plus qu’elle ne les sauvegarde en les fragmentant et en obligeant certains animaux à se domestiquer pour survivre ;
- l’énergie nécessaire pour rejoindre les lieux écotouristiques impacte les milieux. Un mois au camping à quelques kilomètres de chez soi génèrera toujours une empreinte carbone plus faible qu’un périple de l’autre côté du globe. Peu importe les ambitions louables de préservation de sites sensibles et souvent uniques que l’on emporte dans les bagages.
Depuis 2007, la Journée mondiale pour un tourisme responsable se déroule le 2 juin, parallèlement à la semaine européenne du Développement durable. Elle permet de se réunir et de penser au voyage de demain. En 2020, avec la crise du covid-19 qui a mis à l’arrêt le secteur des transports à l’échelle planétaire, la question de la mobilité est au cœur de toutes les discussions. Le confinement aura offert à chacun de nous un périple plus personnel pour réfléchir de chez soi à la manière dont nos modes de vie, de consommation, nos habitudes, nos besoins et nos envies impactent le monde.
Les baroudeurs doivent se rendre à l’évidence : se déplacer nuit à l’environnement par l’utilisation d’énergie, de ressources et l’introduction d’un élément extérieur, l’humain en visite, à un écosystème en équilibre.
Même si les intentions des voyageurs écoresponsables sont louables, restreindre sa présence et ses interventions dans les milieux sensibles sera toujours la meilleure réponse d’un point de vue purement écologique. Espérons seulement que les acteurs du secteur ne voient pas dans le tourisme équitable ou durable, un moyen détourné d’accroître encore l’offre de séjours au détriment des principaux intéressés : la nature et la population autochtone.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Apportez-vous une attention particulière à l’environnement lors de l’organisation de vos vacances ? Partagez vos expériences en commentaire.