Avez-vous remarqué qu’en hiver certains animaux disparaissent de votre jardin pendant des mois tandis que d’autres font de brèves et spectaculaires apparitions ? La nature semble endormie, mais des signes prouvent le contraire. Cela s’explique par les stratégies adoptées par les espèces pour supporter cette saison hostile. Certains entrent en hibernation quand d’autres optent pour l’hivernation ou la semi-hibernation. Quelles particularités différencient ces comportements ? De l’hypothermie régulée à la somnolence, en passant par la mise au monde de petits au fond d’un terrier, la vie animale est loin de s’arrêter. Les métabolismes tournent à plein régime pour assurer les fonctions vitales. Les espèces adoptent une tendance au cocooning sauvage pour survivre au froid. Sachant cela, comment pouvez-vous aider la faune à traverser la mauvaise saison sans encombre et sans vous immiscer dans leurs cycles biologiques saisonniers ? Le froid et le vent qui gèlent tout sur leur passage vous font frissonner et craindre pour les espèces que vous chérissez. Pelotonnez-vous sous un plaid duveteux et découvrez que l’idéal consiste à en faire le moins possible.
Différence entre hivernation et hibernation
Les deux termes se confondent souvent. Si vous appréciez les longues siestes au coin du feu pendant l’hiver, vous n’hibernez pas. Vous hivernez. Autrement dit, vous adaptez vos fonctions vitales et vos activités pour supporter la mauvaise saison agréablement.
Se reposer, se gorger de soleil et de vitamines et manger plus riche pour affronter les températures glaciales représentent de bons moyens pour passer l’hiver en pleine santé.
Les animaux aussi mettent en place des stratégies pour survivre. Ils se répartissent en 4 catégories dont les différences de fonctionnement métabolique illustrent la diversité de la vie :
- les hivernants ou semi-hibernants qui dorment beaucoup, mais se réveillent parfois pour grignoter ou donner la vie ;
- les voyageurs qui partent au soleil comme les oiseaux migrateurs hivernent également ;
- les actifs comme le renard pour qui la vie continue comme si de rien n’était ;
- les hibernants comme le hérisson qui ne met plus le nez dehors pendant plusieurs mois, car il entre en hibernation.
Ces espèces se distinguent par leur degré de vigilance, leur température corporelle et leur métabolisme.
Le fonctionnement des hivernants
Hiverner signifie passer l’hiver en lieu sûr. Ce terme désignait historiquement le fait pour les navires de rester l’hiver au port. Cette expression s’est ensuite transmise au monde agricole pour parler du bétail qui hiverne dans l’étable. Dans ce cas, les animaux en hivernation passent simplement la mauvaise saison dans des endroits plus accueillants.
Les oiseaux migrateurs hivernent aussi en choisissant de rejoindre certaines contrées plus hospitalières.
Vous-même vous hivernez lorsque vous partez au soleil en plein mois de février. Vous hivernez également quand vous restez plusieurs jours chez vous sans mettre le nez dehors, car les températures glaciales vous tétanisent.
S’adapter physiquement pour les plus actifs
L’hivernation se traduit parfois par une adaptation morphologique chez ceux qui restent actifs. Certaines espèces modifient leur physique pour s’adapter à la saison hivernale.
Les animaux chionophiles se parent d’un manteau blanc : lièvre, renard arctique, ours polaire, belette… Difficilement repérables dans les neiges, ces espèces passent l’hiver en embuscade.
Le pelage de certains mammifères s’épaissit pour tenir plus chaud durant la mauvaise saison. C’est notamment le cas des chevaux.
Les oiseaux développent un plumage plus abondant et dense, qui s’étend jusqu’aux pattes et aux narines pour conserver leur chaleur interne et éviter la déshydratation.
Migrer dans les contrées chaudes pour les voyageurs
Les oiseaux migrateurs représentent de bons indicateurs des changements de saison, car leur passage dans un sens ou dans l’autre au-dessus de votre tête vous signale qu’une période de transition approche.
Partir vivre dans des zones plus douces fait partie des nombreuses adaptations mises en place par les animaux pour affronter l’hiver.
La stratégie adaptative des semi-hibernants
Pensez-vous vivre comme un ours en hiver ?
Vous dormez beaucoup. Votre température corporelle baisse, mais en cas de besoin vous pouvez vous réveiller pour aller quelques heures profiter des rayons du soleil et manger un morceau.
Se concentrer sur l’essentiel des fonctions vitales
L’ours présente toutefois quelques spécificités qui font de lui un semi-hibernant plus spécialisé que vous.
Retiré dans sa tanière :
- son rythme cardiaque descend à 10 pulsations par minute ;
- son rythme respiratoire est divisé par deux ;
- il somnole la plupart du temps ;
- son cerveau reste actif ;
- il se déplace et s’alimente ;
- les femelles donnent naissance à leurs petits et s’en occupent ;
- Il vit sur ses réserves pendant plusieurs mois, mais peut de temps en temps sortir se réchauffer au soleil.
S’abriter le mieux possible pour passer l’hiver
Les animaux semi-hibernants comme certains petits rongeurs ne peuvent pas dormir tout l’hiver, car leurs réserves sont trop faibles.
Cachés dans un terrier, ils se réveillent de temps en temps pour consommer les ressources qu’ils ont accumulées en prévision de la saison froide.
L’ours, quant à lui, est suffisamment gros pour tenir sur les réserves accumulées.
La création d’un abri subnival vise à passer l’hiver au chaud sous la neige dont le pouvoir isolant est excellent. Ce n’est pas pour rien si les Inuits vivent dans des igloos.
Les petits animaux comme les rongeurs utilisent cette technique, tout comme l’ours. Ce n’est donc vraiment pas une affaire de poids !
Le processus métabolique d’hibernation
L’hibernation est un processus métabolique plus complexe et qui nécessite de disposer de réserves suffisantes pour tenir jusqu’au printemps.
Le hérisson, la marmotte, le crapaud, la tortue, le loir, la chauve-souris et la fourmi sont des exemples d’animaux qui hibernent.
Certains poissons hibernent. Ils présentent alors une chute de leur température interne qui les rend quasiment inactifs.
Se mettre au ralenti pour survivre à la mauvaise saison
D’importantes réserves de graisse sont réalisées en prévision de cette période de léthargie qui va leur demander beaucoup d’énergie malgré un métabolisme réduit de 98 %.
Cet état se caractérise par :
- une température corporelle qui chute pour se rapprocher de celle de l’extérieure (jamais inférieure sinon c’est la mort assurée) ;
- un rythme cardiaque qui ralentit. Dix battements de cœur par minute pour la chauve-souris contre 600 en été ;
- une circulation sanguine et une consommation d’oxygène qui diminuent. La marmotte ne respire alors plus que 12 fois par heure. Elle traverse de véritables périodes d’apnée ;
- seules les zones du cerveau qui commandent les fonctions vitales restent actives.
Ralentir son métabolisme fait partie des techniques les plus sûres pour survivre en hiver lorsque la nourriture manque.
Ce processus comporte tout de même plusieurs risques, notamment celui que le corps ne dispose pas d’assez de réserves pour survivre jusqu’aux beaux jours.
La dégradation de certains habitats, la sécheresse, les pesticides et les changements climatiques affectent les ressources alimentaires de la faune et mettent en péril leur survie. S’impliquer dans une démarche écocitoyenne en respectant quelques bonnes pratiques de jardinage aidera la faune tout au long de l’année.
Se cacher en lieu sûr et attendre le printemps
Pour se protéger, de nombreuses espèces déménagent à la fin de l’automne.
Par exemple, certains serpents et insectes, comme le bourdon femelle et la fourmille, se réfugient dans des trous du sol pour dormir jusqu’au printemps.
Les amphibiens se terrent au fond des mares en attendant le redoux.
Vous comprenez mieux pourquoi vous avez parfois l’impression qu’en hiver la nature a disparu ? Si l’on y regarde de plus près, l’Homme adopte des comportements similaires quasiment par biomimétisme.
Création de milieux d’accueil pour comprendre les cycles biologiques saisonniers
Pour aider les animaux qui vivent autour de chez vous, la meilleure solution consiste à ne rien faire. Laisser les fleurs fanées de l’été et de l’automne en place, car elles constituent d’excellents garde-manger pour les oiseaux. Vos haies, vos buissons et vos vieux troncs sont de superbes cachettes propices à la nidification.
Attirer des visiteurs ailés dans son jardin pendant l’hiver
Tous les oiseaux n’ont pas la chance de migrer. L’hivernation requiert pour ceux qui restent de trouver de quoi dormir, se nourrir et boire.
Installer le strict minimum pour ne pas interférer avec la nature
Nichoir, mangeoire et abreuvoir sont recherchés par l’avifaune au plus froid de l’hiver.
Ces dispositifs ne doivent pas être approvisionnés en nourriture ou en eau en dehors des périodes de fortes gelées, car les oiseaux créeraient alors une dépendance généralement fatale.
Vous pouvez aider les animaux, mais n’oubliez pas qu’ils sont sauvages. Une domestication les rendrait très vulnérables et pourrait mettre en jeu leur survie et celle de leurs petits. Installez le strict minimum pour ne pas interférer avec la nature.
Ne donnez que des aliments adaptés à l’avifaune (millet, suif, tournesol…) et nettoyez régulièrement les supports pour éviter la propagation des maladies. Si vous installez ces équipements sur une terrasse, il conviendra également de laver votre sol fréquemment.
Les mangeoires suspendues en céramique ou en métal sont les plus hygiéniques pour nos amis à plumes.
Les nichoirs servent d’abri pendant l’hiver. Vous veillerez à les nettoyer à la fin de l’été afin d’enlever toute trace des anciens occupants et d’éventuels parasites.
Placez tous ces éléments en hauteurs pour éviter la prédation par vos animaux domestiques (chiens et chats).
Laisser la nature reprendre ses droits pour aider les espèces pendant l’hiver
Si votre jardin est structuré selon la logique énergétique et biologique de la permaculture, il y a fort à parier que ces installations existent déjà à l’état naturel dans vos espaces.
Une haie touffue, des plantes fanées, un réservoir d’eau de pluie et un vieil arbre joueront parfaitement leur rôle de maison d’hôtes pour oiseaux frileux. Votre jardin écologique est prêt !
Même les petits jardins japonais qui nécessitent beaucoup de minutie connaissent une période de repos salvatrice.
Résister à l’envie de tailler vos arbustes, de ramasser les feuilles mortes, de nettoyer votre jardin rendra service aux animaux qui trouveront dans ce merveilleux désordre tout ce dont ils ont besoin pour passer un hiver serein.
Profitez de l’automne pour planifier quelques actions à mener dans votre jardin pour le rendre accueillant. Vous êtes prévenu : il y aura peu à faire pour offrir un milieu accueillant à vos visiteurs.
Offrir des cachettes aux animaux pour les observer secrètement
Le hérisson : locataire discret
Vous ne pourrez pas les observer de tout l’hiver, mais cela ne doit pas vous empêcher de proposer un abri aux hérissons.
Une maison sauvage
Cet allié de votre jardin donnera sa préférence aux zones sauvages pour y construire sa maison de l’hiver. Il aménage souvent un abri dans une haie, un tas de bois ou encore au milieu de ronces que seul lui peut traverser.
Si vous optez pour cette solution sans aucune contrainte de réalisation, vous devrez prévoir de ne pas venir déranger les occupants. Ils ont besoin de calme pour passer la mauvaise saison sereinement.
Une maison d’architecte, mais naturelle
Vous pouvez également décider de partager un moment d’agréable complicité en famille et construire un abri. Transformés en véritables architectes, vos enfants apprécieront de vous aider à fabriquer cette maison de fortune. Peu de matériel est requis puisqu’une cagette vide de chez l’épicier fera l’affaire.
Votre maisonnette devra disposer de deux zones : une entrée pour repousser les prédateurs et une pièce principale dans laquelle dormir. Ce refuge constitué, vous le placerez hors sol, à l’abri de la pluie et des nuisances de votre foyer.
Pour rendre cette maisonnette imperméable, ajoutez quelques tuiles ou une plaque d’acier galvanisé. Vous pouvez compléter l’ensemble avec des feuilles de toutes les tailles, mais je vous conseille plutôt de laisser un tas en libre accès que le hérisson se chargera d’organiser comme il le souhaite.
Une surprise au printemps ?
N’oubliez jamais que les animaux privilégient les zones sauvages qui leur paraissent plus sûres que celles bien proprettes sur lesquelles la main de l’homme se fait encore sentir. Si vous créez un nid trop douillet et artificiel, votre visiteur ne s’installera pas.
Si vous avez bien travaillé, un locataire arrivera peut-être dès la fin de l’automne. S’il s’établit durablement, vous aurez sans doute l’occasion de l’observer en activité pendant la belle saison.
Si les hérissons affectionnent déjà votre jardin, vous découvrirez peut-être des bébés hérissons dès l’automne. Survivre à l’hiver leur sera très difficile sans votre aide. La meilleure technique à adopter consiste à contacter le Sanctuaire des Hérissons qui saura vous dire quoi faire.
L’écureuil : chenapan furtif
Les écureuils n’ont pas besoin d’aide en hiver, car ils sont parfaitement actifs et adaptés à cette saison. Ils trouvent des ressources alimentaires en grande qualité (noisettes, graines, écorce…) et viendront au besoin chaparder quelques graines chez leurs amis les oiseaux.
Si vous en voyez un passer devant votre fenêtre par une belle matinée de janvier, ne tentez rien et savourez ce moment volé à la nature.
La chauve-souris : silencieuse invitée
Les chauves-souris hibernent de la même manière que les hérissons. Comme eux, elles se satisfont très bien d’une haie broussailleuse et mal entretenue qui leur offrira tout ce dont elles ont besoin.
À la campagne, pipistrelle, sérotine, grand murin et petit rhinolophe sont courants. Ces chiroptères affectionnent tout particulièrement les soupentes des granges ou des hangars. Si vous disposez de telles structures bâties, vous pouvez leur laisser des ouvertures à condition de ne pas les déranger par la suite. Réveiller des chauves-souris fréquemment au cours de l’hiver pourrait les tuer. Vous veillerez aussi à ne pas refermer les accès afin qu’elles puissent s’envoler au retour du printemps.
Un vieil arbre creux sera le meilleur des gîtes pour accueillir divers locataires en parfaite symbiose.
Accueillir des insectes pour comprendre la vie en société
On ne le dira jamais assez, mais la nature est bien faite. Les insectes profitent de l’hiver pour passer des stades de leur développement qui les soumettent peu à leur environnement extérieur. Les sauterelles attendent au stade d’œuf. Les papillons se nichent dans leur cocon.
Toutefois, certains lépidoptères passent l’hiver au stade adulte et ont ainsi besoin d’abris pour une hivernation réussie.
La mise en place d’une maison à insectes aidera ces êtres vulnérables à survivre. De votre côté, vous aurez le plaisir d’observer leur fonctionnement social et les différentes phases de leur développement au cours de l’année. Une leçon de vie pour toute la famille !
Tous les insectes qui peuplent votre jardin pendant la belle saison : abeilles, coccinelles, perce-oreilles, papillons, etc. apprécieront d’y trouver un refuge dès les premières gelées.
Cocooning sauvage des espèces en somnolence et des autres
L’hiver n’est pas une saison morte, bien au contraire, car tandis que certains vivent l’hivernage comme une période difficile d’autres en profitent pour transmettre la vie.
Le blaireau donne naissance à ses petits en janvier ou février. Le blaireautin pointe le bout de son nez après dix mois de développement. Bien trop fragile pour sortir, il reste avec sa mère au chaud dans le terrier. Ce cocooning sauvage ne vous laissera quasiment aucune chance d’apercevoir un petit au cours de ses premières semaines de vie.
La palme des naissances revient à la lapine qui peut mettre au monde 25 lapereaux par an. Évidemment, ces petits naissent bien au chaud dans le terrier et y resteront jusqu’au retour des beaux jours. Ces mammifères dépendent moins de la disponibilité en nourriture, car la mère allaite ses petits en puissant dans ses ressources. Bien sûr, quand le printemps arrive elle s’empresse d’aller faire le plein d’énergie.
Les espèces actives ne sont pas en reste puisque la femelle de l’écureuil roux donne naissance à des portées pouvant atteindre 10 petits en février. Loin d’hiverner, cette super maman n’a pas le temps de se soucier de la météo.
L’hivernation des animaux n’a maintenant plus de secrets pour vous. Vous savez comment accueillir et aider les espèces pendant les journées les plus froides. La meilleure technique consiste à laisser la nature reprendre ses droits dès la fin de l’été dans votre jardin. Déposer quelques graines et de l’eau fraîche régulièrement dans des supports adaptés lorsqu’il gèle fortement suffira à aider la plupart des individus qui s’aventureront sur votre terrain. Profitez-en pour savourer également cette période de l’année en famille. Faire une pause bien méritée entouré des vôtres vous donnera de l’énergie pour célébrer le retour des beaux jours dès les premiers gazouillis printaniers entendus.
Et vous, comment aidez-vous les animaux qui traversent votre jardin en hiver ? Avez-vous déjà assisté à un évènement surprenant et un peu magique comme une naissance ou une course folle entre écureuils ? Partagez vos expériences en commentaires.