- Tu veux quitter un job hyper bien payé ?
- Oui.
- On ne pourra plus autant voyager, tu le sais ?
- Oui.
- Tu ne parles aucune langue étrangère !
- (petit rire) J’apprendrai !
- Tu as le goût du risque en fait ?
- Hum… Non, plutôt l’envie de vivre !
- Pfff… On part quand ?
Voici le genre d’échange philosophique que nous avions en famille lorsque nous pesions le pour et le contre avant de tout quitter. En y repensant, clairement, nous étions d’humeur à jouer. Le cap ou pas cap des adultes ! Nous voulions nous mettre au défi, nous et notre confort de vie. Aurions-nous les c*** de vivre une expérience folle ou étions-nous juste de beaux parleurs ? Et aujourd’hui, où en sommes-nous ? Vous le découvrirez en suivant les épisodes de la série « Vie de rêve chez les Lucas ».
Voici l’épisode #3, la preuve qu’avoir envie d’un changement de vie relève d’autre chose que d’un simple ras-le-bol, c’est aussi aimer le danger et craindre la routine. Quand vous obtenez ce que vous voulez, l’objet du désir perd de sa saveur. Ce constat vaut pour tout : l’amour, l’argent, le pouvoir, les biens matériels, l’admiration, etc. Dans une certaine mesure, c’est une bonne chose, c’est un élan naturel à aller de l’avant et à s’améliorer. À quel moment cela devient-il dangereux d’avoir le goût du risque ? Et si la seule limite, c’était la chute ?
4, 3, 2, 1… Action !
Aimer le danger sans perdre l’Étoile du Nord
Pour savoir ce que vous souhaitez vraiment dans votre vie, demandez-vous ce qui compte le plus. Agir deviendra simple.
Pour nous, passer le plus de temps possible en famille représente notre première volonté. Nous avons articulé toute notre réflexion sur ce principe. Tout plan qui nous pénaliserait vis-à-vis de ce besoin viscéral serait rejeté. Notre quotidien nous ennuyait pour de multiples raisons, mais nous aspirions surtout à partager plus de temps ensemble.
Focalisez-vous sur cette Étoile du Nord pour trouver la bonne direction.
Qu’aimeriez-vous obtenir ou réaliser dans votre vie ?
Êtes-vous satisfait de votre quotidien ? Quelle chose un peu folle voudriez-vous réaliser avant de mourir ? Cette question illumine le regard de n’importe quelle personne à qui vous la posez. Nous rêvons beaucoup, mais nous passons rarement à l’action.
Même un enfant de trois ans vous dira qu’il rêve de recevoir un jouet ou d’aller en vacances à la mer. Adolescents, nous rêvons d’être libérés du pouvoir parental. Adultes, nous aspirons à réussir notre carrière et à fonder une famille. Plus âgés, nous espérons voir grandir nos petits-enfants. Ce ne sont que des exemples et ils varient pour chacun de nous. Vous avez peut-être la volonté de vivre dans un endroit en particulier, en France ou à l’étranger.
Nous possédons tous deux points communs qui nous rendent insatiables :
- nous aspirons à une vie meilleure ;
- notre lassitude crée de nouvelles aspirations dès que les premières sont satisfaites.
Notre famille adore voyager et découvrir le monde. Notre situation financière nous le permet et nous aurions pu continuer ainsi très longtemps. Sauf que l’envie d’ailleurs ne se comble pas avec des vacances, d’autant plus quand le besoin de changement vient du quotidien et de moments trop rares en famille.
Que feriez-vous si vous parveniez à réaliser votre rêve ?
La plupart répondent qu’ils seraient enfin heureux. Fin de l’histoire.
Dans la réalité, c’est faux. Nous avons le goût du risque et le besoin d’en avoir toujours plus.
Le cerveau humain possède ces capacités de :
- se réjouir à la perspective de quelque chose ;
- savourer le moment de bascule où il l’obtient ;
- porter son attention sur une nouvelle chose, car l’acquis perd de son charme.
Votre fils vous tanne depuis des semaines pour se faire offrir une console de jeux vidéo. Quand il la reçoit, il est fou de joie, joue des heures durant dessus, puis petit à petit, il passe à autre chose.
Votre adolescent rêve de pouvoir rentrer à 22 h alors que pour l’instant il doit être de retour à 21 h. Quelques mois après avoir obtenu un retour tardif, il vous demande la permission de minuit, car ses amis en ont le droit.
Jeune diplômé, vous rêvez de décrocher votre premier job. Deux ans passés dans une entreprise et vous voilà à surveiller les offres d’emploi dans l’espoir de trouver un travail plus rémunérateur. Vous songez également à évaluer vos compétences.
Trentenaire, vous désespérez de rencontrer le partenaire de votre vie, celui qui comblera toutes vos attentes. En couple depuis trois ans, vous aimeriez fonder une famille, car à deux c’est bien, mais les enfants apportent de la vie dans une maison.
Bref, ces multiples exemples témoignent de la vie et des envies qui nous animent. À l’image des bonnes résolutions qui nous poussent à nous améliorer, nos projets et nos rêves ne connaissent pas de limites.
Mais que se passera-t-il dans ce cas pour notre famille si nous obtenons ce que nous souhaitons : partager le maximum de temps ensemble. Nous lasserons-nous de cette situation ? Aspirerons-nous à autre chose ? Ou est-ce que certaines attentes apportent plus de satisfaction que d’autres pour atteindre vraiment le bonheur ?
Risqueriez-vous de tout perdre dans la perspective d’une vie meilleure ?
Rien de grave à vouloir toujours plus et mieux. Nous grandissons, nous mûrissons, nous vieillissons et nos besoins s’adaptent à notre situation.
Mais que faire des décisions qui peuvent nous faire perdre nos acquis ? Changer de travail présente de belles perspectives, mais que se passera-t-il si ce nouvel emploi est décevant ? La même question se pose pour un changement d’école dont la réputation du nouvel établissement serait meilleure. Est-ce une garantie d’être heureux ?
Le goût du risque répond en partie à cette interrogation, car oser fait partie de la vie. L’audace casse une routine parfois ennuyeuse.
Avant de changer de vie, notre famille avait réellement tout pour être heureuse et nous l’étions. C’est justement grâce à ce genre de situation confortable que nous avons eu tout le loisir de réfléchir à des projets un peu fous. À l’abri du besoin, comblés, confiants, incapables d’imaginer qu’un nouveau défi puisse ternir ce présent déjà si agréable, nous avancions sûrs de nous. Et pourtant…
Êtes-vous prêt pour un tour de manège à sensations fortes ?
Un changement de vie se compare à un tour de manège à sensations.
Étape 1 : l’envie
De loin, l’expérience vous semble terriblement excitante et vous donne envie d’essayer. Vous vous approchez de la file d’attente. Vous accomplissez un pas dans une nouvelle direction. Un doute vous assaille, mais vous le faites rapidement taire.
Cette étape correspond au moment où vous commencez à vous renseigner concernant un projet qui vous tient à cœur.
Étape 2 : l’engagement
La file d’attente avance et pendant quelques mètres tout va bien. Vous savez que vous pouvez toujours faire demi-tour, mais que vous vivrez bientôt une nouvelle expérience.
À ce moment de l’élaboration de votre projet, vous entamez des démarches sans conséquences :
- possibilité de se mettre à son compte ;
- évaluation de son bien-être potentiel en changeant de travail ;
- bilan de compétences ;
- langue étrangère facile à apprendre ;
- montant de vos économies disponibles pour mener à bien votre projet ;
- destination de rêve où poser ses bagages ;
- etc.
Tout va bien, vous ne faites que prendre la température…
Étape 3 : le point de bascule
Vient le moment où vous passez un portique qui vous amène à quelques mètres du manège. Vous admirez à loisir les autres personnes qui montent dans les wagons et qui partagent leurs émotions entre rires, blagues exagérées pour détendre l’atmosphère et visages déconfits qui semblent regretter d’être là.
Vous observez une femme qui fait appel à la sécurité pour quitter le manège. La pression est trop forte. Elle n’a pas résisté et la déception se lit sur son visage au moment même où elle est évacuée. Étrange… Vous commencez vous-même à douter, mais une force vous pousse à rester : le goût du risque.
À ce stade, vous êtes embarqué dans un processus de changement de vie, mais vous n’avez encore renoncé à rien de votre vie actuelle. Vous pourriez en quelques secondes tout arrêter, mais vous savez alors que vous le regretteriez.
Étape 4 : le point de non-retour
Le moment d’embarquer dans le wagon approche. Deux possibilités :
- vous adorez les sensations et conservez votre calme ;
- le malaise vous guette et vous vous demandez pourquoi vous n’avez pas renoncé plus tôt.
Dans votre changement de vie, vous êtes en train de remplir vos cartons. Le déménagement pour votre nouvelle vie à 3 000 kilomètres de chez vous se précise de jour en jour. Concrètement, vous pourriez faire marche arrière, mais ça serait compliqué tant techniquement que psychologiquement.
Étape 5 : le grand départ
Le manège démarre et là, c’est quitte ou double.
Les plus accros aux sensations deviennent livides, tandis que vous serrez les dents pour encaisser les g.
Vous passez par tous les états : de l’envie d’arrêter le tour, à des moments d’euphorie pendant lesquels vous aimeriez que l’expérience dure toujours, jusqu’à l’arrêt qui vous permet de reprendre votre souffle. Soupir de soulagement, tout le monde descend. Alors, vous remontez ou vous en avez eu assez ?
Un changement de vie, c’est juste un grand tour de manège. C’est une multitude de sensations :
- l’envie d’abandonner ;
- l’euphorie d’avoir osé ;
- la satisfaction de vivre des moments forts ;
- quand votre vie retrouve un semblant de stabilité, c’est une nouvelle décision qui s’impose.
Retentez-vous une aventure encore plus folle, car vous avez le goût du risque, ou bien conservez-vous cet équilibre que la vie pourra également se charger de modifier à sa guise ?
Ne repoussez pas vos rêves alors que vous ne savez pas combien de temps vous aurez la chance de vous poser la question.
Le goût du risque pour prouver de quoi l’on est capable
Le goût du risque, c’est un pari avec soi-même, avec la vie et avec les autres.
Quand on s’affronte soi-même
Quand vous vous fixez des objectifs, vous vous affrontez d’abord vous-même. Tester votre capacité à aller au bout de vos décisions vous offre une meilleure image de vous-même. Elle renforce votre estime personnelle et vous aide à vous sentir mieux.
Le goût du risque représente un besoin positif, tant qu’il ne vous met pas en danger de mort.
Certaines personnes se prouvent des choses continuellement. C’est une volonté propre à chacun. Elle peut venir d’un manque d’encouragements et de félicitations pendant l’enfance, ou de la comparaison effectuée sans cesse entre notre vie et celle des autres.
Quand on affronte le reste du monde et surtout ses proches
Dans un monde idéal, vous ne devriez pas ressentir le besoin de plaire à quiconque, pas même à vos parents, à vos enfants ou à votre conjoint. Vous êtes tel que vous êtes. Vous faites au mieux et c’est suffisant pour être aimé.
Dans les faits, nous carburons souvent à l’admiration. La réussite, le pouvoir, la fortune et les signes extérieurs de richesse n’auraient pas de raison d’être s’ils ne visaient pas à montrer notre supériorité aux autres.
Nous voulons parfois prouver à notre entourage que nous valons mieux que l’image qu’ils nous transmettent de nous. Les relations familiales complexes ne doivent pas influencer vos propres actions.
Vous comparer à quelqu’un et trouver sa situation enviable vous fait progresser, mais ne tombez pas dans le piège de l’insatisfaction chronique.
Pour atteindre le bonheur, satisfaites-vous du nécessaire, même si vous pouvez vous inspirer des autres pour vous améliorer.
Quand on affronte la vie
Le goût du risque, c’est également la mise en danger.
Fréquent dans le sport, le dépassement de soi peut parfois nous amener à côtoyer la mort de près. À ce stade, aimer le danger se justifie de moins en moins. Ne serait-ce pas dommage de renoncer aux mille joies du quotidien et de la vie pour réussir un exploit ?
Vous vous mettez dans une situation similaire avec un changement de vie irréfléchi. Plaquer un job, donner son préavis à son propriétaire et partir au bout du monde sans aucun plan avec une famille semble excitant, mais à moins d’avoir beaucoup de chance, c’est suicidaire.
Changer de vie comme dans les films est rarement possible. C’est moins glamour de tout organiser, mais c’est pourtant la réalité de ceux qui mènent leur projet à bien.
Pour changer de vie, nous avons mûri notre plan pendant plusieurs années. Nous voulions maîtriser la plupart des paramètres pour ne pas nous retrouver le bec dans l’eau, à court d’économies et obligé de rentrer la queue entre les jambes. Inutile de finir à la rue à cause d’une idée un peu folle.
Comme un exploit sportif, un changement de vie se calcule et s’organise. Faites-moi confiance, le jour du départ, quoi qu’il arrive, vous serez aussi excité qu’une puce. Avec un plan clair, vous risquerez moins d’appeler quelqu’un à la rescousse pour vous faire descendre du manège.
Le savant dosage risque/sécurité pour un changement de vie réussi
Si vous vous attendez à une formule magique, vous allez être déçu.
Ingrédients et recette
Pour un changement de vie réussi, plusieurs ingrédients vous seront indispensables :
- le goût du risque ;
- un rêve ou un projet louable (s’ennuyer n’en est pas un !) ;
- du bonheur que l’on espère intensifier avec ce projet ;
- un planning de réalisation, même approximatif ;
- un budget, même petit, mais cohérent avec le projet ;
- de la persévérance, car personne ne vous servira une nouvelle vie sur un plateau ;
- une bonne résilience pour supporter les hauts et les bas, bien plus vertigineux que des montages russes.
La recette ? Elle n’existe pas, car elle dépend de vous et de votre projet.
Qui peut vous aider ?
Personne ne peut :
- vous dire comment se passeront les différentes étapes ;
- anticiper les galères qui vous arriveront ;
- savourer à votre place le bonheur de se lancer dans une folle aventure.
L’instant où vous descendez à toute allure l’une des boucles du grand huit, tandis que vos larmes se mêlent à vos cris, un sentiment unique d’être vivant vous submerge. Seul face à vos décisions, redevable à ceux embarqués dans l’aventure avec vous, vos rêves sont sur le point de se concrétiser.
Le manège va partir, attention au départ !
Au moment de la rédaction de ces lignes, ma famille et moi montons dans le wagon. En toute honnêteté, je me demande parfois pourquoi nous sommes allés nous fourrer dans une histoire pareille… Nous étions heureux, non ? Et l’instant d’après, en remplissant des cartons, j’ai les yeux qui brillent à la perspective de l’aventure que nous allons vivre.
Nous pourrions tout arrêter, même si ça serait techniquement très compliqué et couteux. Mais nous ne pourrions pas supporter la déception d’abandonner, car le goût du risque, c’est aussi refuser de se laisser contrôler par la peur et les difficultés.
Votre plus grand ennemi dans un changement de vie : votre peur. Nous renonçons souvent avant même les premiers obstacles parce que notre cerveau reptilien nous envoie des signaux de panique et des menaces imaginaires pour nous ramener à une vie sûre, sécurisée et si peu excitante. Prenez en compte ces alertes, mais ne les laissez pas vous arrêter.
Partagez en commentaire les expériences qui révèlent votre goût du risque ou vos témoignages de changement de vie ! Cela donnera peut-être des idées à d’autres lecteurs pour se confronter à leurs propres limites. À bientôt pour #4 : faire des économies.